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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/206

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je voudrais le voir à cent lieues d’ici. » Mon père sourit. « Ce serait dommage, me répondit-il, car ce monsieur est très-aimable, et de plus, la semaine prochaine, il sera ton frère. »

— Mon frère ?

— Il va épouser ta sœur.

— Ma sœur ?

— Oui. Tu ne savais pas que tu avais une sœur. Elle a longtemps voyagé. Elle viendra demain dîner ici. Il faudra l’embrasser et lui dire que tu l’aimeras bien.

J’avais un tel respect pour mon père que je ne me permis pas une question. Maison peut s’imaginer si cette sœur qui me tombait des nues excitait ma curiosité.

Le soir même, j’entendis ma mère et mon oncle délibérer sur ce point : si l’on m’emmènerait, oui ou non, au temple pour y assister à la célébration du mariage. Ma mère semblait d’avis de me laisser à la maison ; cela me contrariait. Mon oncle, à sa manière, plaisanta, trancha la question. « Ne faut-il pas, dit-il en me donnant une petite tape sur la joue, que Marie voie comment les choses se passent ? ce sera son tour bientôt. »

À partir du mariage, le ménage Ehrmann vint chez nous, mais de loin à loin, et sans que, malgré les efforts de mon père, très-gracieux pour sa belle fille, la glace fondît entièrement.