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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/264

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non sans m’en parler, promettant de ratifier ce oui prononcé par deux personnes d’un jugement sûr et que je reconnaissais, en toute manière, infiniment supérieur au mien.

Ma mère, tout en blâmant ce parti pris, trop absolu, disait-elle, n’en était pas, au fond, trop mécontenta. De son côté, mon frère était d’avis que j’arrivais à l’âge où il est sage de marier les jeunes filles. Ma pâleur et ma mélancolie semblaient lui donner raison.

Mon amie Esther était à la veille de se marier, Fanny était depuis six mois comtesse de Montault, et toutes deux paraissaient s’accommoder très-bien de ce changement d’état. Chaque fois que j’allais à confesse, l’abbé Gallard, après m’avoir donné sa bénédiction, ne manquait jamais d’ajouter : « J’espère bien, mon en fant, vous bénir à l’autel avant qu’il soit peu. »

Et voici qu’à point nommé, le prince et la princesse de la Trémoïlle, qui jamais ne convenaient sur rien, se mettaient d’accord pour proposer à ma mère une al liance qui, à leurs yeux, était la plus souhaitable du monde.

Issu d’une des plus anciennes maisons de France, alliée aux maisons de Castellane, de Sabran, de Forbin-Janson, de Simiane, etc., et qui avait exercé des droits souverains, le comte Charles d’Agoult, colonel de cavalerie, aide de camp du général Latour-Maubourg, neveu du vicomte d’Agoult chevalier des or-