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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/280

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tion, trouvait ses princes ingrats. Le milliard d’indemnité qu’on lui faisait espérer sous le règne de Louis XVIII, qu’on lui donna sous le règne suivant, les grandes charges rétablies pour elle, n’apaisaient que le plus gros des colères. Il restait mille pointes d’aigreur, un vif déplaisir de la Charte, avec le plus railleur dédain de la politique nouvelle qui accueillait les parvenus, oubliait le passé, cherchait les compromis, prétendait enfin réconcilier des gens irréconciliables. Vainement le roi Louis XVIII avait-il essayé, par de nombreuses faiblesses, de désarmer les royalistes. Un prince philosophe, un prince lettré, assis, quelque peu anglais, non hostile aux parlements, comprenant tout, se faisant expliquer tout, se faisant à tout, n’était guère le fait d’une noblesse orgueilleuse, qui ne voulait connaître que le cheval et l’épée, les droits de la race et les privilèges du sang. On ne pouvait contester à Louis XVIII les dons de l’esprit ; on ne pouvait méconnaître dans son caractère une certaine grandeur royale ; on s’attaqua aux prétendus vices de son cœur ; on railla ses favori et ses favorites. Les caricatures, les anecdotes, les persiflages, les sar casmes contre le roi infirme et libéral, couraient les salons. On n’y cachait pas du tout l’impatience d’un nouveau règne. Cependant les profonds respects dynastiques dont la famille royale entourait son chef, l’étiquette rétablie au château, plus que tout cela, la