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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/290

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il jamais dits? Il se pourrait bien qu’il en ait été de tous comme de ce fameux français de plus, inventé pour le Moniteur par le prince de Talleyrand ou M. Beugnot. Quoi qu’il en soit, quand je fus en sa présence, le roi voulut être, il fut en réalité très-aimable. S’adressant à mes deux marraines, dans l’intention visible d’épargner ma timidité, il tint sur moi, devant moi, mille propos flatteurs, et nous retint beaucoup plus longtemps qu’il n’avait coutume de le faire dans ces fatigantes réceptions où il ne s’asseyait pas. Depuis lors, je retournai régulièrement au château, et toujours Charles X se rappela, avec cette mémoire des petites choses qui sied si bien aux personnes que l’on suppose occupées des grandes, mon visage, mon nom, mes circonstances. Aux petites soirées de la Dauphine, il semblait aussi vouloir me distinguer ; mais, sans qu’il y eût de sa part ni raideur, ni hauteur aucune, la stérilité de son esprit suffisait à rendre très-insignifiants les rapports qu’il essayait d’établir. Ces soirées de la Dauphine n’étaient pas d’ailleurs un lieu propice aux conversations agréables. Il y régnait une froideur glaciale, malgré leur apparente intimité. Voici comment les choses se passaient. Assise au haut bout d’un cercle qui s’allongeait en amande des deux côtés de son fauteuil, madame la Dauphine travaillait à un ouvrage en tapisserie. Dans ce cercle, où chacun était placé selon son rang, il n’était pas de mise qu’on