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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/356

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On perdait des charges, des places, des honneurs ; on affecta de paraître ruiné, on resta très-tard dans les châteaux, on s’habilla pauvrement, on fit des économies. À l’endroit des parvenus, on prit le ton goguenard. On appela le duc d’Orléans « grand poulot », on se divertit aux dépens du souverain des bourgeois, qui s’en allait bourgeoisement à pied, par les rues, sa femme sous le bras, son parapluie à la main.

Le procès des ministres, le choléra, qui lit en 1832 sa première invasion, les tumultes de la superstition populaire, peu après la tentative armée de la duchesse de Berry, sa prison, achevèrent de tout brouiller et portèrent une grave atteinte à la vie des salons.

Peu à peu néanmoins, lorsqu’on vit que le nouveau régime durait et qu’on n’en avait pas raison par la bouderie, on s’ennuya de bouder. Les salons du faubourg Saint-Germain se rouvrirent. Mais ils se trouvèrent fort amoindris. La mort avait fermé pour toujours celui de la duchesse de Duras et celui de la princesse de la Trémoïlle ; celui de madame de Montcalm finissait avec elle. Le salon de madame Récamier se ressentait de la vieillesse morose de Chateaubriand. Les salons de la duchesse de Maillé, de la marquise de Bellissen, de la duchesse de Rauzan, de la marquise Arthur de la Bourdonnaye, etc., reprirent bien une appacence de mouvement et d’amusement, mais ce ne fut qu’une apparence.