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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/79

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offrir d’appeler sa femme de chambre, c’était la seule chose à faire ; mais cette chose si simple ne me vint pas à l’esprit, tant je l’avais troublé. Je tins le bas longtemps, le tournant dans mes doigts que glaçait la peur ; un mouvement involontaire fit dégringoler maille sur maille. La vieille dame, me trouvant lente à l’ouvrage, s’impatientait. Cette fois, ce fut l’entrée de madame l’Échevine qui me sauva. Voyant le cas, elle fit diligence, dissimula, et répara ma bêtise ; mais je me sentais humiliée profondément, et ma répugnance pour le redoutable salon de la redoutable grand’mère fut portée au comble.

À quelque temps de là, il s’y passa encore une scène consternante, et qui faillit devenir tragique. Mais avant de la raconter, il faut que j’en explique l’occasion et que je revienne en arrière.

À l’époque où ma mère, née dans la confession d’Augsbourg, épousa mon père né catholique, ni l’un ni l’autre ne songèrent, amoureux qu’ils étaient, à cette différence de cultes. Mon père, élevé par sa mère selon les habitudes d’esprit du xviiie siècle, ma mère qui ne se préoccupait guère de dogmes, laissèrent, en se mariant, jux usages à régler quelle serait la religion des enfants à naître. Cela allait alors de soi : dans toutes les unions mixtes, les garçons suivaient le culte du père, les filles celui de la mère. Mes parents ne trouvaient là rien à reprendre ; je fus