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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/93

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d’armes ; mais le général en chef de l’expédition, Louis de Larochejacquelein et son frère Auguste crièrent à la trahison. L’esprit de défiance et de jalousie qui soufflait dans le camp des Vendéens hâta la dispersion des paysans ; malheureusement des prises d’armes partielles et inutiles firent encore verser un sang généreux.

Lorsque tout fut dit de cette prodigieuse aventure des Cent-jours, quand l’usurpateur fut sur son rocher, quand l’occupation étrangère eut pris fin,, quand le souverain légitime, ramené par les alliés, voulut commencer de régner selon la charte, les Vendéens, avec tous les royalistes bien pensants — c’est ainsi que se qualifièrent entre eux les adversaires déclarés de toutes nouveautés libérales — entrèrent en grand déplaisir. Tout en professant très-haut le dévouement aux Bourbons, ils frondèrent, d’une lèvre railleuse, l’esprit de modération que voulait faire prévaloir dans ses conseils un prince philosophe. Le comte d’Artois, Monsieur, prince d’esprit frivole, entré dans une dévotion étroite, entêté dans ses vues courtes, encouragea ces malcontents. Le pavillon Marsan, où résidait Monsieur, entouré de ses confidents, MM. de Vitrolles, de Bruges, fut une sorte de gouvernement occulte, un perpétuel va et vient de plaintes, de murmures. Les favoris de l’héritier du Trône parlèrent le langage amer et arrogant qu’on savait ne pas lui déplaire. On fut là plus