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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/94

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royaliste que le roi, ultra-royaliste, aussi séditieux de paroles que l’on avait été fidèle de l’épée.

Tout près de Monsieur, dont elle avait épousé le fils aîné, la fille de Louis XVI, Madame, duchesse d’Angoulème, que l’on plaignait tout haut de son union avec un prince incapable d’héritiers, et de plus entaché de libéralisme, laissait voir que ces excès de zèle n’étaient pas pour lui déplaire ; le duc de Berry, d’un esprit brusque, lançait des incartades contre tout ce qui n’allait pas à sa guise dans le régime nouveau. Quant au duc de Bourbon, il parlait peu, mais naturellement dans le sens de ses fidèles serviteurs de l’armée de Condé. De la sorte, une opposition cavalière, qui confondait dans ses mépris les parlements et les carrefours, la bourgeoisie et le populaire, la révolution et la charte, partant du pavillon Marsan où elle saluait son chef, et du faubourg Saint-Germain où, dans quelques salons, des femmes d’esprit l’aiguillonnaient aux témérités, se répandait de château en château, de gentilhommière en gentilhommière, par toute la France.

Mon père, bien que sans ambitions et sans illusions politiques, appartenait d’honneur et d’humeur à ce parti. Le Mortier devint un rendez-vous d’ultras, de Vendéens, mécontents et murmurants.

L’un d’entre eux, le plus ancien des camarades de mon père à l’armée de Condé, le prince Louis de la