Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/103

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« Cela se pourroit bien, répondit Yorick. »

« Mais, s’écria mon oncle Tobie, y a-t-il du danger pour l’enfant ? — Les Troglodites disent que non, répliqua mon père. — Et les théologiens… — Dans quel chapitre, demanda Yorick ? » —

« Je ne suis pas sûr duquel, dit mon père. — Mais ils nous disent, frère Tobie, que cette méthode est très-bonne. — Pourvu, dit Yorick, que vous fassiez voyager votre fils en Égypte. — Je l’espère bien, dit mon père. » —

« Tout cela, dit mon oncle Tobie, est de l’arabe pour moi. — Il le seroit pour bien d’autres, dit Yorick. » —

« Ilus, continua mon père, fit circoncire un matin toute son armée. — Sans cour martiale ! sans conseil de guerre ! s’écria mon oncle Tobie. — Je sais, continua mon père, en s’adressant à Yorick, et sans faire attention à la remarque de mon oncle Tobie, — je sais que les savans ne sont pas d’accord sur Ilus. — Les uns le prennent pour Saturne, d’autres pour l’Être suprême ; quelques-uns même veulent que ce fut simplement un général de Pharao-néco. — Fût-ce Pharao-néco lui-même, dit mon oncle Tobie, je ne sais par quel article du code militaire il pourroit se justifier. » —