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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/135

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auxiliaires, et au moyen de cette méthode simple, dans laquelle l’esprit et la mémoire d’un enfant doivent être exercées, il ne sauroit entrer dans sa tête une seule idée, quelque stérile qu’elle puisse être, que l’enfant ne puisse aisément lui faire engendrer une foule de conclusions et de conceptions nouvelles. —

» As-tu jamais vu un ours blanc, s’écria mon père, en se retournant vers Trim qui se tenoit debout derrière sa chaise ? — Jamais, répondit le caporal. — Mais tu pourrois, Trim, dit mon père, en raisonner en cas de besoin ? — Comment cela se pourrait-il, frère, dit mon oncle Tobie, si le caporal n’en a jamais vu ? — C’est ce qu’il me falloit, répliqua mon père ; et vous allez voir comment je raisonne, et comment les verbes auxiliaires font raisonner. —

» Un ours blanc ! très-bien. En ai-je jamais vu ? puis-je en avoir jamais vu ? en verrai-je jamais ? dois-je en voir jamais ? puis-je jamais en voir ?

» Que n’ai-je vu un ours blanc ! car autrement quelle idée puis-je m’en faire ?

» Et si je vois jamais un ours blanc, que dirai-je ? et que dirai-je si je n’en vois pas ?

» Si je n’ai jamais vu d’ours blanc, et que