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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/140

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idées si rapidement, et se fit un si prodigieux amas de connoissances, que (si nous pouvons ajouter foi à une anecdote qui le regarde, et que nous ne saurions rejeter sans secouer l’autorité de toutes les anecdotes quelconques) ; — à l’âge de sept ans, son père lui remit entièrement l’éducation de son frère, qui n’en avoit que cinq. — Le père étoit-il aussi sage que son fils, dit mon oncle Tobie ? — Je croirois que non, dit Yorick.

« Mais que sont tous ces exemples, continua mon père, entrant dans une sorte d’enthousiasme, — que sont tous ces exemples auprès des prodiges de l’enfance des Grotius, Scioppius, Heinsius, Politien, Pascal, Joseph Scaliger, Ferdinand de Cordoue, et autres ? — Les uns se dégageant des formes scholastiques dès l’âge de neuf ans, et même plutôt, et parvenant à raisonner sans ce secours. — Les autres ayant fini leurs classes à sept ans, et écrit des tragédies à huit. — À neuf ans, Ferdinand de Cordoue étoit si savant, que l’on crut qu’il étoit possédé du démon ; et à Venise il fit voir tant d’érudition et de vertu, que les moines le prirent pour l’antechrist. — D’autres eurent appris quatorze langues à l’âge dix ans ; — à onze, eurent fini leurs cours de rhétorique, poë-