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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/147

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soir, comme le modèle sur lequel il doit régler son maintien, ses mœurs, et peut-être les plus secrets sentimens de son cœur, — je voudrois, Yorick, s’il étoit possible, en trouver un qui fût accompli de tout point, et tel que mon fils trouvât toujours à profiter avec lui. » — Mais vraiment, dit en lui-même mon oncle Tobie, voilà qui est de fort bon sens.

« Il y a là, continua mon père, un certain air, un certain mouvement du corps et de toutes ses parties, soit en agissant, soit en parlant, qui annonce ce qu’un homme est au-dedans. — Et je ne suis pas du tout surpris que Grégoire de Nazianze, en observant les gestes brusques et sinistres de Julien, ait prédit qu’il apostasieroit un jour ; — ni que saint Ambroise ait chassé un de ses disciples de sa maison, à cause d’un mouvement indécent de sa tête, qui alloit et venoit comme un fléau ; ni que Démocrite ait jugé Protagoras digne d’être son disciple, à voir la manière dont il lioit un fagot.

» Un œil pénétrant trouve, pour descendre au fond de l’ame d’un homme, mille chemins que le vulgaire n’aperçoit pas ; et je maintiens, ajouta-t-il, qu’un homme de mérite n’ôte pas son chapeau en entrant dans