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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/148

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une chambre, ne le reprend pas quand il en sort, sans qu’il lui échappe quelque chose qui le fasse connoître pour ce qu’il est.

» Ainsi donc, continua mon père, le gouverneur que je choisirai pour mon fils ne doit ni grasseyer, ni loucher, ni clignoter, ni parler haut, ni regarder d’un air farouche ou niais. — Il ne doit ni mordre ses lèvres, ni grincer des dents, ni parler du nez.

» Je ne veux qu’il ne marche ni trop vîte, ni trop lentement. — Je ne veux pas qu’il marche les bras croisés, ce qui montre l’indolence ; — ni balant, ce qui a l’air hébété ; — ni les mains dans ses poches, ce qui annonce un imbécille.

» Il faut qu’il s’abstienne de battre, de pincer, de chatouiller, de mordre ou couper ses ongles en compagnie, — comme aussi de se curer les dents, de se gratter la tête, etc. » — Que diantre signifie tout ce bavardage, dit en lui-même mon oncle Tobie ? »

« Je veux, continua mon père, qu’il soit joyeux, gai, plaisant | et en même-temps prudent, attentif aux affaires, vigilant, pénétrant, subtil, inventif, prompt à résoudre les questions douteuses et spéculatives. Je eux qu’il soit sage, judicieux, instruit… » — Et pourquoi pas humble, modéré et doux ?