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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/154

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veille du jour où monsieur reçut sa blessure. — D’ailleurs la nuit est si froide, si pluvieuse, que soit la roquelaure, soit le mauvais temps, il y auroit de quoi faire mal à l’aine de monsieur, et peut-être lui donner la mort. — Cela se pourroit bien, dit mon oncle Tobie. — Mais, Trim, je n’ai pas l’esprit en repos depuis ce que m’a dit l’aubergiste. — Je voudrois qu’il ne m’en eût pas tant appris, ou qu’il m’en eût appris davantage. — Comment ferons-nous pour arranger tout cela ? — Que monsieur s’en rapporte à moi, dit le caporal, et il saura bientôt tout le détail de cette affaire.

— Je vais prendre ma canne et mon chapeau ; j’irai reconnoître ce qui se passe, j’agirai d’après ce que j’aurai découvert ; et en moins d’une heure je serai de retour ici. — Va donc, Trim, dit mon oncle Tobie, et prends ce scheling que tu boiras avec son domestique. — C’est bien de lui que je compte tout savoir, dit le caporal en fermant la porte. » —

Mon oncle remplit sa seconde pipe ; — et l’on peut dire que tant qu’elle dura, il ne fut occupé que du pauvre Lefèvre et de son fils ; — excepté toutefois quelques petites excursions militaires ; comme, par exemple, pour considérer s’il n’étoit pas tout aussi bien