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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/153

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giste ; mais le pauvre enfant n’a goûté de rien, pas plus que son père. — Il ne fait que pleurer et se désoler jour et nuit. — Depuis que son père s’est mis au lit, il n’a pas quitté son chevet. » —

Tandis que l’aubergiste parloit, mon oncle Tobie posa sa fourchette et son couteau sur la table, et repoussa son assiette. — Trim n’attendit point ses ordres, il desservit sans dire mot ; et quelques minutes après il apporta à son maître une pipe et du tabac. — Reste un peu dans la salle, dit mon oncle Tobie.

« — Trim ! dit mon oncle Tobie, quand il eut allumé sa pipe et commencé à fumer. » Trim s’avança en faisant une révérence. Mon oncle Tobie continua de fumer sans rien dire. — « Caporal, dit mon oncle Tobie. » Le caporal fit sa révérence. — Mon oncle Tobie ne dit pas un mot, et finit sa pipe. « — Trim, dit mon oncle Tobie, j’ai un projet dans la tête. — J’ai envie, comme la nuit est mauvaise, de m’envelopper chaudement dans ma roquelaure, et d’aller rendre visite à ce pauvre gentilhomme. — La roquelaure de monsieur, répliqua le caporal, n’a pas été mise une seule fois depuis la nuit où nous montions la garde dans la tranchée devant la porte saint-Nicolas ; — et c’étoit la