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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/193

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Laissons enfin le pauvre Tristram Shandy… Mais pour celui-là il n’y a pas moyen ; souffrez, messieurs, qu’il vous accompagne jusqu’à la fin du voyage. —



CHAPITRE LXV.

Campagne de mon oncle Tobie.


Si le lecteur n’a pas l’idée la plus parfaite de ce demi-arpent de terre qui se trouvoit au fond du jardin potager de mon oncle Tobie, et qui fut pour lui le théâtre de tant d’heures délicieuses, je déclare que c’est entièrement la faute de son imagination, et non pas la mienne. Je suis certain d’en avoir donné une description si exacte, que j’en avois presque honte. —

Un jour dans ses momens de loisir, le destin s’amusoit à regarder dans le vaste dépôt où sont inscrits tous les événemens des temps futurs. — En jetant les yeux sur un gros livre relié en fer, il vit à quels grands projets étoit destiné ce petit coin de terre, qui devoit être un jour le boulingrin de mon oncle Tobie. — Il fit aussitôt signe à la nature ; c’en fut assez. — La nature y répandit une demi-pelletée de ses engrais les plus doux, auxquels