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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/194

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elle joignit justement assez d’argile pour Conserver la forme des angles et de tous les points saillans, et en même-temps trop peu pour que la terre pût coller à la bêche, et rendre le théâtre de tant de gloire impraticable par le mauvais temps.

Quand mon oncle Tobie se retira à la campagne, il y porta, comme on a pu voir, les plans de presque toutes les places fortifiées d’Italie et de Flandre. Ainsi devant quelque ville que le duc de Malborough ou les alliés allassent se placer, ils y trouvoient mon oncle Tobie tout préparé. — Et voici quelle étoit sa méthode ; elle paroîtra au lecteur la plus simple du monde. —

— Tout aussitôt qu’une ville étoit investie, — plutôt même, si le projet étoit connu, mon oncle Tobie prenoit son plan ; et, au moyen d’une échelle, il lui étoit facile de l’adapter à la grandeur exacte de son boulingrin. — Il s’agissoit ensuite de transporter les lignes du papier sur le terrein ; c’est ce qui s’exécutoit au moyen d’un gros peloton de ficelle, et d’un certain nombre de petits piquets que l’on enfonçoit en terre à tous les angles saillans et rentrans. — Ensuite, prenant le profil de la place et de ses ouvrages, pour déterminer la profondeur et