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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/197

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la voie des journaux ; et pendant toute la durée du siége ils suivoient les alliés pas à pas.

Le duc de Malborough établissoit-il un logement ? mon oncle Tobie établissoit un logement aussi. — Le front d’un bastion étoit-il renversé, ou une défense ruinée ? le caporal prenoit sa pioche, et en faisoit autant. — C’est ainsi que, gagnant sans cesse du terrein, ils se rendoient successivement maîtres de tous les ouvrages, jusqu’à ce qu’enfin la place tombât entre leurs mains. —

Où sont-ils ces hommes rares, ces bons cœurs que le bonheur des autres rend heureux ? — Je les invite à me suivre derrière la haie d’épine du boulingrin de mon oncle Tobie. La poste est arrivée ; — il a reçu la gazette : — la brêche est praticable ; — le duc de Malborough va tenter l’assaut. — Mon oncle Tobie et le caporal paroissent. — Avec quelle ardeur ils s’avancent, l’un avec la gazette à la main, l’autre avec la bêche sur l’épaule ! — Quel triomphe modeste se glisse dans les regards de mon oncle Tobie, au moment qu’il monte sur les remparts ! — quel excès de plaisir brille dans ses yeux, lorsque debout devant le caporal, l’animant de la voix et du geste, il lui relit dix fois le paragraphe, de crainte que la brêche ne