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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/198

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soit d’un pouce trop large ou trop étroite ! — Mais, dieux ! la chamade est battue ; — mon oncle Tobie s’élance sur la brêche, soutenu du caporal ; — le caporal lui-même s’avance les drapeaux à la main ; — il les arbore sur les remparts. — Quel moment ! quelle délice ! ciel ! terre ! mer ! — Mais à quoi servent les apostrophes ? avec tous les élémens, on ne parviendra jamais à composer une liqueur aussi enivrante.

C’est ainsi, c’est au milieu de ces extases répétées, c’est dans cette route délicieuse, que mon oncle Tobie et le caporal passèrent les plus douces années de leur vie. Si quelquefois leur bonheur étoit troublé par le vent d’ouest, qui venant à souffler une semaine de suite, retardoit la malle de Flandre, et tenoit mon oncle Tobie à la torture, — c’étoit encore là la torture du bonheur. — C’est ainsi, dis-je, que pendant longues années, et chaque année de ces années, et chaque mois de chaque année, mon oncle Tobie et Trim s’exercèrent dans l’art des siéges ; — variant sans cesse leurs plaisirs par de nouvelles inventions, s’excitant à l’envi à de nouveaux moyens de perfection, et trouvant dans chacune de leurs découvertes une nouvelle source de délices. —

La première campagne s’exécuta du com-