Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ponts et de la guérite ; c’est-à-dire, dans la troisième campagne de mon oncle Tobie ; — et ce fut au caporal qu’en vint la première idée.

Par l’effort de son bras et sous les ordres de mon oncle Tobie, il avoit pris Amberg, Bonn, et Rhimberg, et Huis, et Limbourg ; il vint alors avec raison à penser que c’étoit une dérision de se vanter de la prise d’un si grand nombre de villes, sans avoir une seule ville à montrer pour attester tant de conquêtes. Il proposa donc à mon oncle Tobie de se faire bâtir une petite ville à son usage, en planches de sapin qui seroient assemblées, peintes, montées et placées dans le polygone, de manière à faire l’illusion la plus complette. —

Mon oncle Tobie sentit d’abord l’excellence du projet, et l’agréa sur le champ ; il y joignit même deux idées nouvelles et assez bizarres, mais dont il étoit presque aussi vain, que s’il eût eu l’honneur de la première invention.

— Il voulut d’abord que la ville fût bâtie dans le genre de celles qu’elle devoit le plus vraisemblablement représenter ; — avec des fenêtres grillées, et le toit des maisons tourné vers la rue, etc. comme à Gand, à Bruges, et dans tout le reste du Brabant et de la Flandre. —