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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/205

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en elles-mêmes, mais d’un grand prix par l’intention, et dans le nombre desquelles il se trouvoit :

Un bonnet de houssard et deux pipes turques.

Je décrirai le bonnet de houssard dans un moment. — Les pipes turques n’avoient rien de particulier. Le corps de la pipe étoit un long tuyau de maroquin, orné et rattaché avec du fil d’or ; et elles étoient montées, l’une en ivoire, l’autre en ébène garni d’argent.

Mon père ne voyoit rien comme le commun des hommes. — « Le cadeau de ton frère, disoit-il au caporal, n’est qu’une formalité d’usage, dont tu dois lui savoir peu de gré. — Il ne se soucioit pas mon cher Trim, de porter le bonnet d’un Juif, ni de fumer dans sa pipe. — Eh ! monsieur, disoit le caporal, il n’a pas craint d’épouser sa veuve. »

Le bonnet étoit écarlate, et d’un drap d’Espagne superfin, avec un rebord de fourrure tout autour, excepté sur le front, où l’on avoit ménagé un espace d’environ quatre pouces, dont le fond étoit bleu-céleste, recouvert d’une légère broderie. Il sembloit que le tout eût appartenu à quelque quartier-maître Portugais.