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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/206

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Le caporal, soit pour la chose en elle-même, soit pour la main de qui il la tenoit, étoit extrêmement vain de son bonnet. — Il ne le portoit guère qu’aux grands jours, aux jours de gala ; et cependant jamais bonnet de houssard n’avoit servi à tant d’usages. Car dans tous les points de dispute qui s’élevoient dans la cuisine, soit sur la guerre, soit sur autre chose, le caporal (pourvu qu’il fût assuré d’avoir raison) n’avoit que son bonnet à la bouche. — Il parioit son bonnet, — il consentoit à donner son bonnet, — il juroit sur son bonnet ; — enfin, c’étoit son enjeu, son gage, ou son serment.

Ce fut son gage dans le cas présent.

— Oui, dit-il en lui-même, je donne mon bonnet au premier pauvre qui viendra à la porte, si je ne viens pas à bout d’arranger la chose à la satisfaction de monsieur. —

L’exécution de son projet ne fut différée que jusqu’au lendemain matin.

Or, ce lendemain étoit le jour de l’assaut de contr’escarpe, entre la porte Saint-André et le Lowerdeule par la droite, et par la gauche entre la porte Sainte-Magdeleine et la rivière.

Comme ce fut la plus mémorable attaque de toute la guerre, — la plus vive, — et la