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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/21

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et anéantissant les forces du malheureux, qui flotte ainsi entre deux projets qui le contrarient.

Mon père auroit infailliblement succombé sous ce malheur, comme il avoit pensé faire sous celui de mon nom de baptême, sans un nouvel accident qui vint heureusement à son secours. — Ce fut la mort de mon frère Robert.

Qu’est-ce, grands dieux ! que la vie d’un homme ? Une agitation perpétuelle ! — un passage continuel d’un chagrin à un autre ! — Munissez-vous contre un malheur, vous restez en prise à mille autres.



CHAPITRE II.

Chapitre des Choses.


Dès ce moment on doit me considérer comme l’héritier apparent de la famille Shandy, — et c’est proprement ici que commence l’histoire de ma vie et de mes opinions. Malgré toute ma diligence et mon empressement, je n’ai fait encore que préparer le terrein sur lequel doit s’élever l’édifice ; — et je prévois que l’édifice qui s’élevera sera tel, que, depuis Adam, on n’en a jamais conçu ni exécuté un pareil. —