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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/218

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enviant à son nom la gloire de passer à la postérité avec celui de Scipion, fit le replâtrage honteux de la paix d’Utrecht.

Et croyez-moi, messieurs, de tout ce qui arriva cette année-là par ordre du destin, la paix d’Utrecht fut ce qu’il y eut de pis.



CHAPITRE LXXV.

Suites fâcheuses de la paix d’Utrecht.


Quelles fâcheuses conséquences n’eût-elle pas, cette paix d’Utrecht ? Peu s’en fallut qu’elle ne dégoûtât à jamais mon oncle Tobie des siéges ; — et quoi qu’il en soit venu à se raviser dans la suite, il est certain que Calais n’avoit pas laissé dans le cœur de la reine Anne une cicatrice plus profonde, qu’Utrecht n’en laissa dans le cœur de mon oncle Tobie. — Du reste de sa vie il ne put entendre sans horreur prononcer le nom D’Utrecht. — Que dis-je ? une nouvelle tirée de la gazette d’Utrecht le faisoit soupirer, comme si son cœur eût voulu se rompre en deux.

Mon père avoit la prétention de trouver le vrai motif de chaque chose ; ce qui en faisoit un voisin très-incommode, soit qu’on