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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/219

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voulût rire ou pleurer. — Il savoit toujours mieux que vous-même vos raisons d’être triste ou gai. — Il consoloit mon oncle Tobie ; mais toujours en lui faisant entendre que son chagrin ne venoit que d’avoir perdu son califourchon. « Ne t’inquiète pas, disoit-il, frère Tobie ; il faut espérer que nous aurons bientôt la guerre. — Et si la guerre vient, les puissances belligérantes auront beau faire, tes plaisirs sont assurés. — Je les défie, cher Tobie, de gagner du terrein sans prendre de villes, et de prendre des villes sans faire de sièges. »

Mon oncle Tobie ne recevoit pas volontiers cette espèce d’attaque que faisoit mon père à son califourchon. — Il trouvoit ce procédé peu généreux, d’autant qu’en frappant sur le cheval, le coup retomboit sur le cavalier, et portoit sur l’endroit le plus sensible ; de sorte qu’en ces occasions mon oncle Tobie posoit sa pipe sur la table plus brusquement, et se disposoit à une défense plus vive qu’à l’ordinaire. —

— Il y a environ deux ans que je dis au lecteur que mon oncle Tobie n’étoit pas éloquent ; et dans la même page je donnai un exemple du contraire. — Je répète ici la même observation, et j’ajoute un fait qui la