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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/221

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CHAPITRE LXXVI.

Apologie de mon oncle Tobie.


Je n’ignore pas, frère Shandy, qu’un homme qui suit le métier des armes est vu de très-mauvais œil dans le monde, quand il montre pour la guerre un désir pareil à celui que j’ai laissé voir. — En vain se reposeroit-il sur la justice et la droiture de ses intentions, on le soupçonnera toujours de vues particulières et intéressées.

Donc, si cet homme est prudent (et la prudence peut très-bien s’allier avec le courage) il se gardera de témoigner ce désir en présence d’un ennemi. Quelque chose qu’il ajoutât pour se justifier, un ennemi ne le croiroit pas. — Il évitera même de s’expliquer devant un ami, de crainte de perdre quelque chose dans son estime. — Mais si son cœur est surchargé, — s’il faut que les soupirs secrets qu’il pousse pour les armes s’échappent, — il réservera sa confidence pour l’oreille d’un frère, de qui son caractère soit bien connu, ainsi que ses vraies notions, dispositions et principes sur l’honneur. —

Il ne me siéroit aucunement, frère Shandy,