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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/228

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Il est des gens qui ne descendent de leur califourchon qu’avec humeur et dépit, en lui disant : Monsieur, j’aimerois mieux aller à pied toute ma vie, que de faire désormais un seul quart de lieue avec vous. — Ce n’est pas ainsi que mon oncle Tobie descendit du sien ; que dis-je ? il n’en descendit point. — Il fut jeté par terre, et même avec malice ; ce qui lui donna dix fois plus d’humeur. — Mais cette affaire est du ressort des Jockeis.

Quoi qu’il en soit, il est certain que la paix d’Utrecht produisit une sorte de brouillerie entre mon oncle Tobie et son califourchon. — Depuis la signature des articles, qui se fit en mars jusqu’au mois de novembre, ils n’eurent aucun commerce ensemble. À peine mon oncle Tobie fit-il de temps en temps quelques tours de promenade avec lui, pour s’assurer si le Havre et les fortifications de Dunkerque se démolissoient suivant les termes du traité.

Mais les François s’y portèrent avec tant de lenteur pendant tout l’été, — et M. Tugghes, député des magistrats de Dunkerque, présenta à la reine des suppliques si touchantes ! — suppliant sa majesté de réserver sa foudre pour les fortifications qui pouvoient avoir encouru sa disgrâce, mais d’épargner