Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du monde pour s’élancer dans une place et s’en rendre maître. — Qu’ils y viennent, morbleu ! s’écria le caporal, en levant sa bêche à deux mains, comme s’il alloit les renverser à ses pieds ! — Qu’ils y viennent, s’il l’osent ! » —

« Dans ces cas-là, caporal, dit mon oncle Tobie, en faisant glisser sa main jusqu’au milieu de sa canne, et l’élevant ensuite comme un bâton de commandement, le premier doigt en avant, — dans ces cas-là, un commandant ne doit pas calculer ce que l’ennemi osera ou n’osera pas ; il doit agir avec prudence. — Ainsi nous commencerons par les ouvrages extérieurs, tant du côté de la terre que du côté de la mer ; le fort Louis, le plus éloigné de tous, sera démoli le premier, — le reste sautera l’un après l’autre, de droite et de gauche, toujours en nous retirant vers la ville ; — après quoi nous détruirons le môle, nous comblerons le port ; enfin nous rentrerons dans la citadelle que nous ferons sauter, et nous voguerons pour l’Angleterre. — Où nous voilà débarqués, dit le caporal. — Tu as raison, dit mon oncle Tobie, en reconnoissant son clocher. »