Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/231

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CHAPITRE LXXIX.

La scène change.


C’est ainsi qu’un ou deux entretiens de ce genre avec Trim sur la démolition de Dunkerque, — entretiens charmans, mais trop courts ! — rappelèrent pour un moment à mon oncle Tobie le souvenir des plaisirs qu’il avoit perdus. —

Mais ce souvenir n’en étoit qu’une foible image. — La magie avoit disparu ; et l’ame de mon oncle Tobie avoit perdu son ressort. —

Le calme, accompagné du silence, avoit pénétré dans le cabinet solitaire de mon oncle Tobie. — Ils avoient étendu leurs voiles de gaze sur sa tête ; et l’indifférence, au regard vague et à la fibre lâche, s’étoit assise tranquillement à ses côtés. —

Son sang circuloit lentement dans ses veines, sans que Amberg, et Rimberg, et Limbourg, et Huis, et Bonn, pour une année, — et Landen, et Trarebach, et Drusen, et Dendermonde, en perspective pour celle d’après, en accélérassent le mouvement. — Les sappes, et les mines, et les blindes, et les gabions, et les palissades, n’éloignoient plus