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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/233

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l’histoire que l’on va lire des amours de mon oncle Tobie et de la veuve Wadman, j’étois assuré que l’on y trouveroit le système le plus complet qui ait jamais été donné au public, soit de la théorie, soit de la pratique de l’amour. J’ai dit de l’amour ; et j’ajoute de la manière de faire l’amour.

Mais se seroit-on imaginé de-là que je donnerons une définition précise de l’amour ? Ou que je déterminerois avec Plotin la part que Dieu et la part que le Diable peut y avoir ? —

Ou, par une équation plus exacte, en supposant que l’amour est comme dix, que j’en assignerais avec Ficinius six parties à l’un, et quatre à l’autre ? —

Ou que je déciderois avec Platon, que de la tête à la queue le Diable prend tout ? —

— Fi donc ! me dit Jenny, quel auteur cites-tu ? Est-ce que Platon se connoissoit en amour ? —

Auroit-on cru que je perdrois mon temps à examiner si l’amour est une maladie ? — Ou que je m’embrouillerois avec Rhazez et Dioscoride, à rechercher s’il a son siége dans la cervelle ou dans le foie ? — Ce qui me conduiroit à l’examen de deux méthodes très-opposées pour le traitement de ceux qui en sont attaqués.