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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/241

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quoiqu’il lui arrive de me promener à cheval sur un bâton dix-neuf heures sur les vingt-quatre, je n’ai que des remercîmens à lui faire. — Ô mon humeur, que ne vous dois-je pas ! — c’est vous qui m’avez fait parcourir joyeusement l’âpre sentier de la vie, et qui, parmi tous les maux qu’elle entraîne, ne m’avez jamais laissé connoître les soucis. — Jamais vous ne m’avez abandonné ; jamais vous ne m’avez teint les objets en noir ni en pâles couleurs. — Au contraire, dans les dangers, vous avez toujours doré mon horizon avec les rayons de l’espérance ; et quand la mort elle-même est venue frapper à ma porte, vous l’avez congédiée d’un ton si gai et d’un air si dégagé, qu’elle a cru s’être trompée. —

« — Il y a ici quelque méprise, a-t-elle dit. » —

— Je ne crains rien tant au monde que d’être interrompu au milieu d’une histoire ; et quand la mort se présenta, je racontois à mon ami Eugène le vieux conte d’une religieuse qui se croyoit changée en poisson, et celui d’un moine condamné juridiquement pour avoir mangé un missel ; — et je discutois plaisamment l’importance du cas et la justice de la procédure. —

« Ce ne sauroit être, dit-elle, le grave