Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans un accident de cette espèce qui m’arriva, je passois tout de bout à Chantilly sans voir les écuries. —

Mais le postillon, affirmant d’abord, et osant ensuite me soutenir en face, que la pièce de deux sous n’étoit pas bien marquée, — j’ouvris les yeux pour m’en assurer : — et voyant la marque aussi clairement que son nez, je sautai de ma chaise tout en colère, et je visitai Chantilly malgré moi.

Je n’avois plus que trois postes et demie à faire. Mais je suis convaincu que le meilleur principe en voyageant, c’est de faire diligence. Or, un homme de cette humeur trouve peu d’objets sur sa route dignes de le détourner, et il ne s’arrête guère. — C’est ce qui fit que je passai tout au travers de Saint-Denis, sans retourner seulement la tête du côté de l’abbaye. — Tous les diamans que l’on y montre sont faux. Ce trésor si vanté n’est rempli que d’oripeaux ridicules : et je ne donnerois pas trois sous de tout ce qu’il renferme, si ce n’est de la lanterne de Judas. — Encore est-ce, parce qu’il fait nuit, et qu’elle pourroit m’éclairer en entrant à Paris.