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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/296

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Le traitement des chevaux en France est indigne d’un peuple chrétien, et pour moi, il m’est démontré qu’un cheval de poste de ce pays-là ne seroit pas en état de faire un pas, sans la vertu toute-puissante de deux mots énergiques, qu’on ne cesse de lui répéter avec une complaisance infatigable. — Il trouve dans ces deux mots autant de substance que dans un picotin d’avoine. — Enfin, c’est une ressource précieuse, et une ressource qui ne coûte rien. — C’est pour cela même, que je meurs d’envie de l’apprendre au lecteur.

— Mais c’est ici la question. — Quand on donne une recette, elle doit être claire et intelligible ; autrement elle est inutile. Et cependant si je m’exprime trop au naturel, je m’expose à être déchiré à belles dents dans le public, par ceux mêmes d’entre les gens d’église qui pourroient en avoir ri entre leurs rideaux.

— Comment m’y prendre ? — C’est en vain que j’y songe. — Mon imagination ne me fournit rien. — Comment glisser sur la prononciation de deux mots si étranges ? Comment les amener de manière à ce que le lecteur n’en perde rien, et de manière, en