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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/299

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et la faculté décida enfin que l’on essayeroit des eaux thermales de Bourbon. — On obtint au préalable du révérend père visiteur les permissions nécessaires, et tout fut ordonné pour le voyage.

Marguerite, novice d’environ dix-sept ans, qui, pour avoir trempé son doigt trop fréquemment dans les cataplasmes bouillans de madame l’abbesse, avoit gagné un mal d’aventure, Marguerite, dis-je, avoit inspiré tant d’intérêt que, sans s’inquiéter d’une vieille religieuse perdue de sciatique, et que les bains de Bourbon auroient peut-être guérie radicalement, la petite novice fut choisie pour compagne de voyage.

Une vieille calèche, doublée de velours d’Utrecht verd, et appartenant à madame l’abbesse, revit le soleil après vingt ans d’obscurité. — Le jardinier du couvent fut créé muletier, et fit sortir les deux vieilles mules pour leur rogner les crins de la queue. — Deux sœurs converses s’employèrent l’une à reprendre les trous de la doublure, l’autre à recoudre les bords du galon jaune que la dent du temps avoit rongés. — Le garçon jardinier repassa le chapeau du muletier dans de la lie de vin chaud ; — et un tailleur versé dans le plein-chant, s’assit sous un