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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/307

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CHAPITRE X.

Suite de l’Histoire de l’Abbesse des Andouillettes.


« Ma chère mère, dit enfin la novice revenant un peu à elle, — on m’a parlé de deux certains mots, qui sont d’une énergie toute puissante. Par leur vertu, il n’est point de cheval, d’âne, ni de mulet, qui, bon gré, malgré, n’escalade la plus haute montagne. Quelque rétif, quelque obstiné qu’il soit, à peine les a-t-il entendus, qu’il obéit. — Ce sont des mots magiques, s’écria l’abbesse saisie d’horreur. — Non, dit froidement Marguerite ; mais ce sont des mots que l’on ne sauroit prononcer sans péché. — Quels sont-ils, dit l’abbesse en l’interrompant ? — Ils sont criminels au plus haut degré, répondit Marguerite ; ce sont des péchés mortels : — si nous sommes violées, et que nous mourions sans avoir reçu l’absolution de ces deux vilains mots, c’est fait de nous. — Mais, dit l’abbesse des Andouillettes, ne pouvez-vous me les dire ? — Oh ! ma chère mère, dit la novice, il est impossible de les prononcer. — Il y auroit de quoi faire monter au visage