Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout le sang que l’on auroit dans le corps. — Mais au moins, dit l’abbesse, vous pouvez bien me les glisser dans l’oreille. » —

Dieu tout-puissant ! n’as-tu pas quelque ange gardien que tu puisses envoyer dans ce cabaret au bas de la montagne ? Tous tes esprits généreux et bienfaisans sont-ils occupés ? N’est-il dans la nature aucun agent que tu puisses employer ? aucun frisson qui, se glissant le long de l’artère qui le conduiroit au cœur, iroit réveiller le muletier qui s’oublie au milieu des pots ? — Nul doux instrument ne lui rappellera-t-il l’idée de l’abbesse, de Marguerite, et de leurs rosaires noirs ? —

Éveille, éveille-toi, muletier ! — Mais il est trop tard ; les horribles mots sont prononcés.

Jeune et belle lectrice, vous brûlez de les apprendre ! — Mais comment oserai-je vous les dire ? — Ô vous ! muse chaste, qui savez parler de toutes les choses existantes sans souiller vos lèvres, instruisez-moi, secourez-moi.