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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/318

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de Ste.-Maxime, qui vint de Ravenne exprès pour toucher le corps… — De Ste.-Maxime, dit mon père, coupant la parole au sacristain ! — Ce sont, ajouta mon père, les deux plus grands saints de tout le martyrologe. — Excusez-moi, dit le sacristain ; — c’étoit pour toucher les os de St.-Germain, fondateur de l’abbaye. — Et qu’est-ce qu’elle gagna par-là, dit mon oncle Tobie ? — Parbleu ! dit mon père, ce qu’une femme gagne ordinairement quand elle va en pèlerinage. — Elle gagna le martyre, répliqua le jeune bénédictin, en s’inclinant jusqu’à terre, et disant ce peu de mots d’un ton de voix à-la-fois si modeste et si assuré, que mon père en fut désarmé pour un moment. — On croit, continua le bénédictin, que Ste.-Maxime repose dans cette tombe depuis quatre cents ans ; et il n’y en a que deux cents qu’elle est canonisée. — On est long-temps à faire son chemin, frère Tobie, dit mon père, dans cette armée de martyres. — Hélas ! dit Trim ! dans quelque corps que ce soit, quand un pauvre diable n’a pas le moyen d’acheter… »

« Pauvre Sainte-Maxime, dit mon oncle Tobie à demi-voix, en s’éloignant de sa tombe ! — Elle étoit, continua le sacristain, une des plus belles et une des plus grandes