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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/32

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« Un denier, un seul denier ! cria l’ordre de la Merci ; — secourez ces pauvres captifs, qui gémissent loin de vous, et qui tournent les yeux vers le ciel et vers vous, pour obtenir leur rachat. »

Madame de Beaussiere passa son chemin.

« Ayez pitié du malheureux, ma bonne dame, dit un vieillard vénérable à cheveux blancs, tenant dans ses mains desséchées une petite tasse de bois cerclée de fer ; — je demande pour l’infortuné, — pour une prison, — pour un hôpital. — Ma bonne et charitable princesse, c’est pour un vieillard, — pour des noyés, — pour des brûlés. — J’appelle Dieu et tous ses anges à témoin. — C’est pour couvrir celui qui est nu, — pour rassasier celui qui a faim, — pour soulager celui qui est malade et affligé. »

Madame de Baussiere passa son chemin.

Un parent dans la misère se prosterna jusqu’à terre. —

Madame de Beaussiere passa son chemin.

Il courut tête nue à côté du palefroi, en la priant, en la conjurant par les premiers liens de l’amitié, de l’alliance, de la parenté. — « Ma cousine, ma sœur, ma tante, ma mère, — au nom de la vertu, pour l’amour