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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/33

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de vous, pour l’amour de moi, pour l’amour de Jésus-Christ, souvenez-vous de moi, ayez pitié de moi ! » —

Madame de Beaussiere passa son chemin. Elle s’arrêta à la fin. — Prenez mes moustaches, dit-elle à son page. — Le page prit son palefroi. — Elle mit pied à terre sur la terrasse.

Quand la cour fut rassemblée le soir, ce fut à qui parlerait, ou plutôt à qui ne parlerait pas des moustaches. La Fosseuse tira une aiguille de sa tête, et se mit à dessiner le contour d’une petite moustache sur un côté de sa lèvre supérieure, et remit l’aiguille à la Rebours. — La Rebours secoua la tête. — Madame de Carnavalette soupira : c’étoit elle qui avoit donné des moustaches à sainte Brigitte.

Madame de Beaussiere toussa trois fois dans son manchon. — La Guyol sourit. — Fi ! dit madame de Beaussiere. — La reine de Navarre comprit enfin l’énigme, et passa son doigt sur ses yeux, avec un geste qui vouloit dire : je vous entends bien.

« Et qu’entendoit-elle ? dit la vieille dame, en soulevant sa gaze, et regardant le vieux gentilhomme. » —

« Ce que vous entendez vous-même, ré-