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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/321

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CHAPITRE XV.

Lyon.


« Après tout, dis-je, j’en suis bien aise ; » — c’étoit au moment où j’entrois à pied dans la ville de Lyon, suivant à pas lents une charrette qui portoit pêle-mêle mon bagage et les débris de ma chaise. — « Oui, continuai-je, je suis charmé qu’elle soit rompue, et j’y vois un profit tout clair. — Il ne m’en coûtera pas plus de sept francs pour descendre par eau jusqu’à Avignon, ce qui m’avancera de quarante lieues : là, dis-je, en continuant mon calcul économique, il me sera facile de louer deux mules, ou même deux ânes si je l’aime mieux, (d’autant que je ne suis connu de personne) — et je traverserai les plaines du Languedoc presque pour rien. Il est clair que l’accident de ma chaise me vaudra au moins quatre cents livres, et du plaisir ! — du plaisir pour deux fois autant. — Avec quelle rapidité, continuai-je, en frappant des mains, je vais descendre le Rhône, laissant le Vivarais à droite et le Dauphiné à gauche ! la vitesse du fleuve me laissera voir à peine les anciennes villes de