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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/322

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Vienne, de Valence et de Viviers. Quelle nouvelle flamme pétillera dans mes esprits, lorsque j’arracherai une grappe pourprée sur les coteaux de l’Hermitage et de Côte-rotie, en passant au pied de ces vignobles ! et comme mon sang se trouvera rafraîchi et ranimé à l’aspect de ces anciens châteaux, semés sur les bords du Rhône, — de ces châteaux fameux, d’où partoient jadis de courtois chevaliers pour redresser les torts et protéger la beauté ! quand je verrai ces gouffres, ces rochers, ces montagnes, ces cataractes, et tout ce desordre de la nature, dont elle-même s’entoure au milieu de ses plus beaux ouvrage ! »

À mesure que je faisois ces réflexions, il me sembloit que ma chaise qui, au moment de son naufrage, avoit encore assez belle apparence, diminuoit insensiblement de valeur. — La peinture avoit perdu sa fraîcheur, et la dorure son lustre ; — et le tout ensemble me paroissoit si pauvre, si mesquin, si pitoyable, en un mot si fort au dessous de la calèche même de l’abbesse des Andouillettes, — que, j’ouvrois déjà la bouche pour donner ma chaise à tous les diables… quand un petit sellier qui traversoit la rue à pas précipités, vint me demander d’un air effronté :