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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/329

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un hasard inespéré les ramenant tous deux, quoique par différens côtés, au même instant de la nuit, à une des portes de Lyon, leur patrie commune, et chacun d’eux s’écriant à-la-fois avec un accent trop bien connu :

Mon cher Paulin, — ma chère Pauline, — vit-il, vit-elle — encore ?

Ils se reconnoissent sans se voir, ils volent dans les bras l’un de l’autre, et meurent de joie en s’embrassant.

— Il y a, dis-je, une époque charmante dans la vie de toute homme sensible. — C’est quand une pareille histoire lui plait, le touche, l’intéresse davantage, que tous les rogatons, bribes et fragmens de l’antiquité, qu’il rencontre en foule chez tous les voyageurs.

C’étoit tout ce qui m’avoit frappé en lisant les détails que Spon et les autres nous ont laissés sur la ville de Lyon. Mais ce qui acheva de me charmer, fut ce que je trouvai depuis dans un autre voyageur, (Dieu sait lequel) qui rapporte qu’un tombeau fut érigé à la fidélité de Paulin et de Pauline ; et placé près de cette même porte qu’ils avoient consacrée par leur mort touchante. — Et sur ce tombeau, ajoute l’auteur, les amans vont encore aujourd’hui évoquer leurs ombres, et les prendre à témoin de leurs sermens. —