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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/333

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la fille ; et je recevois les derniers complimens de monsieur le Blanc, qui me souhaitoit un heureux voyage, quand je fus arrêté à la porte. —



CHAPITRE XVIII.

L’Âne.


C’étoit un pauvre âne avec de grands paniers sur le dos, qui ramassoit, comme par charité, des feuilles de raves et des trognons de choux. — Il étoit indécis, — ses deux pieds de devant sur le seuil, et à moitié engagés dans la porte, — ses deux pieds de derrière dans la rue ; — et ne sachant pas bien s’il entreroit ou non.

Or, un âne est pour moi une espèce d’animal sacré. Quelque pressé que je sois, il m’est impossible de le frapper. La patience avec laquelle il endure les mauvais traitemens, est écrite d’une manière si naturelle sur sa physionomie et dans tout son maintien ! elle plaide si puissamment pour lui ! — qu’elle me désarme toujours, tellement que je ne saurois même lui parler brutalement. Au contraire, — quelque part que je le rencontre, à la ville ou à la campagne, à la