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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/334

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charrette ou sous des paniers, en esclavage ou en liberté, j’ai toujours quelque chose d’honnête à lui dire : — et comme un mot en amène un autre, s’il est aussi désœuvré que moi, j’entre en conversation avec lui. Sûrement mon imagination n’est jamais plus sérieusement occupée que lorsqu’elle m’aide à traduire ses réponses d’après sa contenance. Et si sa contenance ne s’explique pas assez clairement, je descends au fond de mon cœur et ensuite au fond du sien, pour y trouver ce que, suivant l’occasion, il est naturel, soit à un homme, soit à un âne de penser.

— De toutes les espèces qui sont au-dessous de moi, c’est, en vérité, la seule avec laquelle je puisse converser ainsi. Quant aux perroquets et aux autres oiseaux jaseurs, je n’ai jamais un mot à leur dire : non plus qu’aux singes, et par la même raison. — Les uns parlent, les autres agissent par routine ; et tous me rendent également silencieux.

Bien plus ! mon chien et mon chat..... je les aime beaucoup, et mon chien, surtout, qui est au désespoir de ne pouvoir parler. — Mais quelle qu’en soit la raison, il est Certain que ni l’un ni l’autre ne possèdent le talent de la conversation. — La mienne avec eux, (de même que celles de