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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/34

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pondit le vieux gentilhomme ; » et il continua de lire.

— Toutes ces conversations, loin d’être favorables au mot moustaches, préparoient sa ruine. La Fosseuse lui avoit porté le premier coup ; — il s’étoit pourtant soutenu, et pendant quelques mois il fit une assez belle résistance : — mais, au bout de ce terme, le jeune marquis de Croix ayant été forcé de quitter la Navarre, faute de moustaches, le mot devint bientôt indécent, et ne tarda pas à être entièrement hors d’usage.

Les meilleurs termes du meilleur langage de la meilleure compagnie peuvent être exposés à la même disgrâce. Il ne faut qu’un esprit mal-fait pour exciter tous les esprits. — Le curé d’Estelle écrivit dans le temps un gros livre sur les équivoques, afin de prémunir les Navarrois contre leur danger.

« Tout le monde ne sait-il pas, dit le curé d’Estelle à la fin de son ouvrage, que les nez ont éprouvé, il y a quelques siècles, dans la plus grande partie de l’Europe, le même sort que les moustaches éprouvent aujourd’hui dans le royaume de Navarre ? Le mal, à la vérité, ne s’étendit pas alors plus loin. — Mais les oreilles n’ont-elles pas couru depuis le même risque ? — Vingt