Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec des feuilles de vignes. Je n’avois pas eu l’intention d’acheter des œufs, ainsi je n’y avois aucun droit. J’aurois pu réclamer la place qu’ils occupoient ; mais à quoi bon cette chicanne ? j’avois bien assez de figues pour mon argent.

La difficulté étoit que je voulois avoir le panier, et que la marchande vouloit le garder. — Sans le panier elle ne savoit que faire de ses œufs, — sans le panier, je n’avois que faire de mes figues ; — d’autant que celles-ci étoient déjà trop mûres, et que la plupart étoient crevées par le côté. Il s’éleva là-dessus une petite contestation, et après differens biais proposés, voici le parti dont nous convînmes. —

Ah ! je devine… — Vous devinez, monsieur. Oh ! je vous défie, tout habile que vous êtes, — je défierois le diable lui-même, (à moins qu’il ne se soit mêlé de cette affaire, ce que je croirois assez,) de former une seule conjecture approchante de la vérité, sur l’espèce de traité que nous conclûmes pour nos œufs et nos figues. — Vous le saurez un jour, mais non pas de sitôt. Il faut que je revienne bien vite aux amours de mon oncle Tobie. Vous le saurez si vous venez jamais à lire la relation des aventures qui me sont