Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrivées en traversant cette plaine, aventures que pour cette raison j’intitule :


Histoires de la plaine.


On peut croire que je ne m’y suis pas trouvé moins embarrassé que tous les autres écrivains ; et que ma plume a eu une aussi rude besogne que la leur. — Cependant les impressions qui me restent de ce voyage, et qui en ce moment se présentent toutes à mon souvenir, me disent que c’est l’époque de ma vie où j’ai été le plus occupé, et le plus utilement occupé. — En effet, comme mes conventions avec l’homme au fusil ne fixoient point le temps où je lui rendrois sa mule, j’avois conservé une liberté entière ; et Dieu sait comme j’en profitois ! M’arrêtant et causant avec tous ceux qui n’alloient pas au grand trot, joignant ceux qui cheminoient devant moi, attendant ceux qui venoient derrière, — hêlant ceux qui traversoient mon chemin, — arrêtant toute espèce de mendians, pèlerins, moines, ou chanteurs de rue, — ne passant pas auprès d’une femme juchée sur un mûrier sans lui faire un compliment sur sa jambe, et sans lui offrir une prise de tabac pour entrer en conversation ;