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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/360

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celui qui en auroit bu à leur table, et qui pourroit leur en envier une seule goutte !

— Le soleil étoit couché. — Tous les ouvrages étoient finis ; — les Nymphes avoient rattaché leurs cheveux ; — et les bergers se disposoient pour la danse. Ma mule fit une pointe — « Qu’as-tu, lui dis-je ? ce n’est qu’un fifre et un tambourin. — Je n’oserois passer, dit-elle. — Ne vois-tu pas, lui dis-je, en lui donnant un coup d’éperon, qu’ils courent à la cloche du plaisir. — Par Saint-Ignace, dit ma mule, en prenant la même résolution que celle de l’abbesse des Andouillettes ; — par Saint-Ignace de Loyola, et tous ses suppôts, je n’irai pas plus loin. À la bonne heure, dis-je, mademoiselle. Je ne veux de ma vie avoir rien à démêler avec vous et les vôtres. » En même-temps je sautai à terre, et jetant une botte dans un fossé, une botte dans un autre, « attendez-moi là, lui dis-je, car je prétends prendre ma part de la danse. »

Une jeune paysanne, brûlée du soleil, se leva et vint à moi comme je m’avançois vers le grouppe — Ses cheveux châtains foncés, tirant un peu sur le noir, étoient renoués sur sa tête en une seule tresse.

« Il nous faut un cavalier, me dit-elle.