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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/432

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CHAPITRE LIII.

Prends garde, Oncle Tobie !


« Je suis comme une folle, capitaine Shandy, dit Mistriss Wadman, en portant son mouchoir à son œil gauche, au moment qu’elle s’approchoit de la guérite ; — une paille, un moucheron, je ne sais quoi m’est entré dans l’œil. — Regardez, je vous prie ; n’est-ce pas dans le blanc ? »

En disant cela, Mistriss Wadman s’étoit glissée tout contre mon oncle Tobie, et s’étoit assise à côté de lui sur le coin du banc, pour lui donner la facilité de regarder dans son œil sans se lever. — « Mais regardez donc, dit-elle. »

Honnête Tobie ! tu regardois dans son œil dans toute la simplicité de ton cœur, et avec l’innocence d’un enfant qui regarde dans une lanterne magique. Ce seroit un péché de te causer le moindre mal. —

Beaucoup de gens regardent dans l’œil d’une femme sans se faire prier ; je n’ai rien à leur dire. —

— Mais mon oncle Tobie, madame, étoit plus réservé. Il auroit été à côté de vous, sur votre sopha, dans votre boudoir, depuis