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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/65

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je ne m’en soucie non plus que de cela. — Pourvu toutefois qu’elle ne me prenne pas en traître, comme ce pauvre Gibbons, qui fut tué en lavant son fusil. — Qu’est-ce en effet que la mort ? Une détente lâchée, — un pouce ou deux de bayonnette dans le poumon ou dans le cœur ; — tout cela revient au même.

» Regardez le long de la ligne, — à main droite, — voyez : — le coup part, — Richard tombe ; — non, c’est Jacques : — eh bien, s’il est mort, il ne souffre plus. — Mais qu’importe lequel ? Daigne-t-on s’en informer en marchant à l’ennemi ? — Que dis-je ? dans la chaleur de la poursuite, on ne sent pas même le coup qui donne la mort. — La mort ! il ne s’agit que de la braver. Celui qui la fuit court dix fois plus de danger que celui qui va au-devant d’elle. Cent fois je l’ai vue en face, ajouta le caporal, et je sais ce que C’est. — Dans un champ de bataille, Obadiah, en vérité, ce n’est rien. — Mais au logis, dit Obadiah, elle a une laide mine. — Pour moi, dit le cocher, je n’y pense jamais quand je suis sur mon siége. — À mon avis, dit Suzanne, c’est au lit qu’elle est la plus naturelle. — Si elle étoit là, dit Trim, et que pour lui échapper, il fallût me fourrer dans le plus chétif havresac qu’un soldat ait jamais porté, je le